Ferme Courbet de Flagey (25)
Ateliers de philosophie plébéienne
2013-2014
Ateliers… cela veut dire un essai d’abandon de l’autorité du maître et de la posture d’élève au profit d’une tentative de production en commun
Centre de Documentation et de Réflexion sur les Philosophies Plébéiennes
Ouvert à tous et gratuit
Les séances se dérouleront de 10h à 12h30 et de 14h à 16h30
2 novembre 2013
Alain Brossat « The Servant ou le plébéien décomposé »
Il s’agirait de montrer comment, dans le film de Joseph Losey, la figure du plébéien se détourne de tout horizon d’émancipation ou d’autonomie. Son dessein obscur de destruction du maître devient indistinct d’une nouvelle forme tout aussi obscure de dépendance. La langue du serviteur, ses stratégies et ses calculs sont infectés par le ressentiment. La lutte du serviteur contre le maître se trouve placée sous un signe de mort. Le valet de Losey et Pinter, aux antipodes de Figaro, est devenu une tarentule.
Noël Barbe « Rendre visible, faire du bruit »
Courbet envoie Une Après-dinée à Ornans au Salon en 1849 ; entre 1955 et 1957 Bernard Clavel écrit Vorgine, premier roman publié ; Maurice, son homonyme, fait paraître en 1974, Les paroissiens de Palente ; Armand Gatti tourne à Montbéliard Le Lion, la cage et ses ailes entre 1975 et 1977 ; François Bon, en 1982, publie Sortie d’usine. Souligner la grandeur, lutter contre l’effacement, faire entendre des voix inaudibles ou œuvre polyphonique, réaliser avec, produire des éclats de réalité, se faire ou non porte-parole. Figurer ou représenter ceux qui ne le sont pas, et pour cela entretenir avec eux des rapports différenciés, tel est l’un des points communs de ces différentes œuvres –peinture, littérature, cinéma. C’est aux différents dispositifs qu’elles construisent pour ce faire que nous nous intéresserons.
7 décembre 2013
Joachim Dupuis « Zombie et revenant : les personnages “gestuels“ de la contestation politique (Romero / Carpenter) »
Romero et Carpenter proposent, chacun, en plébéiens, une esthétique visuelle qui conteste, différemment, le capitalisme et le biopouvoir dans lesquels nous vivons. Le premier met en scène des zombies dont les gestes font écho à ceux du réalisateur et qui nous portent vers l’horreur. Le second joue davantage sur la suggestion par des « gestes revenants » que les spectateurs et les personnages doivent sans cesse affronter. Ce sont deux exemples d’« innervation » filmique.
Philippe Coutant (http://1libertaire.free.fr) « Quels modèles pour analyser l’assujettissement contemporain ? »
L’étude de l’évolution du capitalisme nous confronte au passage du corps à l’esprit. Après le travail du corps et la société disciplinaire, la subjectivité humaine est devenue une des matières premières de l’exploitation et de la domination d’aujourd’hui. Ce capitalisme, qui attaque la vie, nous propose un monde commun où notre existentiel est plus ou moins fortement intégré à cette méga-machine. Les anciens modèles transmis par les théories critiques sont en difficulté. Il nous faut donc reprendre ce travail et l’articuler à la puissance du « non » qui se manifeste de diverses manières.
25 janvier 2014
Philippe Roy « Des gestes, pas des idées »
Je défendrai l’idée suivante : il y a politique et philosophie plébéiennes quand elles se présentent par des gestes et non par des idées. Étant entendu qu’un geste concerne autant la pensée, un énoncé, l’imagination, la perception, les affects, que les attitudes et actes corporels et qu’un geste peut être individuel ou collectif. Il faudra donc penser ce qui fait la différence entre geste et idée et quel est l’enjeu politique de leur opposition (recoupant celle entre patricien et plébéien).
Cédric Cagnat « Divagations autour d’une “littérature plébéienne“ (?) »
Plébéiens sans visages. Plébéiens sans noms. Plébéiens sans voix. Si la littérature est débordement – « dans tous les sens et littéralement » – peut-il exister quelque chose comme du littéraire au sein de ce dénuement ? Faut voir. Et aussi lire.
15 mars 2014
Alexandre Costanzo « Les mauvaises manières »
En m’attachant à ce que sont les « mauvaises manières » de Gustave Courbet, de celles qui émergent de l’œuvre de Michel Foucault ou des catalogues que l’on découvre chez Fernand Deligny ou Walter Benjamin entre autres, je propose d’esquisser le diagramme d’une « philosophie plébéienne » ou du moins des territoires de l’émancipation que l’on y rencontre.
Alain Naze « L’enfance, puissance d’anachronisme »
L’enfance constitue un lieu (paradoxal) intéressant pour penser le plébéien – c’est sa position de « seuil », soulignée par Walter Benjamin, qui importe en ce cas (ni ici, ni là-bas). Ainsi entendue, l’enfance n’est pas seulement un moment déterminé de notre existence, mais d’abord l’occasion d’une possible « illumination profane ». En effet, loin que l’âge adulte soit la vérité de l’enfance, cette dernière resterait toujours à venir (ou à revenir – remémoration), comme ce qui vient opérer un décentrement, et donc un dessillement, dans notre présent. Nous croiserons bien sûr Benjamin dans ces parages, mais aussi Proust, ou encore René Schérer.
17 mai 2014
Olivier Razac « La force de l’aporie »
Il s’agirait de revenir à la démarche socratique avec une volonté farouche de la purifier de tout platonisme. Cela permettrait d’abord de la décrire comme une destruction systématique de tout principe d’autorité à partir d’un démontage des prétentions de vérité du discours des puissants. De ce point de départ, on pourra opérer quelques liens avec des démarches analogues chez Foucault et déjà chez Horkheimer/Adorno dans le sens où ces « critiques postmodernes de la postmodernité » montrent que les prétentions de rationalité des formes de gouvernement du capitalisme avancé ne peuvent pas légitimer leurs effets de pouvoir (qu’elles entrelacent des rationalités incompatibles et/ou qu’elles s’appuient sur le pur exercice d’une puissance). Enfin, nous illustrerons cette démarche par une recherche critique sur les rationalités pénales actuelles à partir de l’éclectisme dont témoigne le savoir, les pratiques et l’expérience des personnes qui mettent en œuvre et subissent les nouvelles formes de la peine.
Orgest Azizaj « Glissements progressifs de l’infamie: Sartre, Bataille, Foucault »
Dans « La vie des hommes infâmes », Foucault récusait le modèle bataillen de la grande infamie, pour proposer celle, plus politique, des existences infimes. Bataille, de son côté, récusait le sauvetage dialectique de Genet par Sartre, se proposant de garder ouverte la béance qu’est le mal pour la pensée, au delà et à l’encontre de toute relève dialectisante, et en présentant (exposant) le dossier de l’affaire Gilles de Rais, anticipant ainsi, par certaines côtés, le geste de Foucault avec le dossier Rivière. Mais l’invention de Pierre Rivière (dans les deux sens de découverte et de construction d’un objet ou personnage discursif), n’est pas sans rappeler (pour le récuser aussitôt) l’entreprise sartrienne d’imposition d’un Saint Genet. A travers l’exploration de ce vaste dossier circulaire, constitué de passages souterrains où les personnages se relaient l’un-l’autre, il s’agira d’essayer de voir les déplacements que subit à chaque fois un geste de la philosophie qui semble être, en même temps, fondamentalement le même.
14 juin 2014
Hervé Touboul « Figures du prolétaire dans Marx »
Le jeune Marx assigne un destin particulier au prolétariat qui, vivant l’injustice sociale totale peut et doit accomplir la justice sociale. Plus tard dans l’œuvre, la figure du prolétaire se complexifie, liée qu’elle devient à l’analyse de la plus-value relative. Qu’est donc un prolétaire pour Marx ? Un individu ? Déjà une classe ?
Philippe Caumières (sous réserve)
Lieu des événements :
Ferme Courbet de Flagey 28 grande rue 25 330 FLAGEY
Depuis Besançon, suivre Ornans puis Chantrans
Possibilités de transport depuis les gares de Besançon
Renseignements : crdpp25@gmail.com ou
Philippe Roy 06 51 38 43 45 centre.philoplebe.lautre.net
Evénements gratuits (buffet du midi compris avec inscription obligatoire)
Ces ateliers se déroulent dans le cadre de l’ethnopole Pays de Courbet, pays d’artiste